Gérard Alle
Mon lapin bleu, à Pouldreuzic.
J’aime ce bistrot plus que tout autre. Un endroit où tout le monde se dit bonjour et se parle. La patronne est une lectrice passionnée de littérature et de philosophie. Je suis très fier qu’elle adore mes livres. Elle s’appelle Yvonne : « Un jour, un monsieur est entré. Il avait de graves problèmes avec son fils. Pour le consoler, je lui ai dit : viens dans mes bras, mon lapin, tu sais, on est tous des petits lapins bleus qui restent parfois au bord de la route et qui risquent de se faire écraser par une de ces voitures qui roulent à toute vitesse et ne font attention à rien, mais heureusement, je suis là pour te recueillir, mon petit lapin bleu, ma porte sera toujours ouverte. Mon lapin bleu ! Elle m’a appelé mon lapin bleu ! Il a répété ça dans les cafés, à droite, à gauche. Et c’est resté. Le comptoir est bas. C’était la mode, dans le temps. Comme ça, quand les clients ont du chagrin, je peux les embrasser, vous voyez ?… »
Gérard Alle
Photo : Gilles Pouliquen