Deshors Sylvie
La vallée aux merveilles
Après une rupture amoureuse douloureuse, Jeanne, 16 ans, est envoyée chez sa tante dans la vallée de la Roya. Elle y découvre, stupéfaite, que cette dernière est une militante active, venant en aide aux migrants qui tentent de passer la frontière italienne pour entrer en France.
Sylvie Deshors a su romancer son propos avec talent pour donner un livre intelligemment documenté, sensible sur la question des migrations et juste dans les émotions.
Lire un extrait : https://issuu.com/rouergue/docs/vallee-merveilles-extrait/10?ff&backgroundColorFullscreen=%23f2f2f2
Je t’envoie ce mail car je suis inquiète au sujet de Jeanne. » Une mère écrit à sa sœur pour qu’elle accueille sa nièce dans la petite maison qu’elle habite dans sa « lointaine vallée ». Jeanne souffre d’une première rupture amoureuse. Elle doit changer d’air. Le nouveau livre de Sylvie Deshors commence ansi de manière très romanesque.
On imagine les jours que Jeanne va passer auprès de sa tante beaucoup moins conventionnelle que sa mère. On se dit que l’intrigue va courir sur le fil de l’histoire de Jeanne. Que s’est-il passé de si brutal dans cette rupture dont l’adolescente ne se remet pas ? Et c’est vrai que cette histoire est l’un des fils narratifs de ce roman, dont les personnages sont finement incarnés. Mais là n’est pas l’essentiel.
Sylvie Deshors a fait un séjour dans la vallée de la Roya, vécu avec les « aidants », ces gens qui, comme la tante de Jeanne, s’engagent dans l’accueil des migrants que l’Europe refuse, que la France et l’Italie pourchassent. Elle a rencontré des personnes qui ont dit des choses d’apparence évidente : « Un matin, ce n’est plus possible de laisser des familles dans la montagne. C’est aussi simple que cela. » Elle a vu les ruses qu’ils doivent déployer pour tromper les patrouilles de police. Elle a entendu des récits et des expériences qu’on lui a confiés. Et elle a décidé d’en faire un roman.
L’urgence traverse tout son texte, la nécessité de dire, d’alerter, de transmettre. Son livre se situe ainsi entre documentaire et fiction, sans que la forme, l’écriture en particulier, ne soit sacrifiée. Il s’adresse aux jeunes adolescents qui, comme Jeanne, ne savent pas grand-chose de ces réalités. Il pose des questions fondamentales, philosophiques et politiques, sur l’engagement, la solidarité, l’humanisme. L’évolution du personnage de Jeanne, du repli sur soi à l’ouverture aux autres, donne sa dynamique romanesque à l’ensemble. Une belle manière d’engager le débat.« »
Mis en ligne le 6 octobre 2020.