Nouvel appel à signature pour un asile présidentiel...

Publié le 9 décembre 2009, par Jean-Paul Leclère

Accès à la pétition

Vous savez que Cesare Battisti fut condamné, en son absence, à la prison à perpétuité en 1988, pour deux crimes directs et deux complicités de crimes commis en 1978 et 1979, il y a trente ans, durant les années de plomb italiennes.
Vous savez que Battisti fut jugé en Italie lors d’un premier procès, entaché de nombreuses tortures avérées, qui ne le condamna pour aucun des quatre crimes commis par le groupuscule des PAC.
Vous savez que Battisti a toujours nié avoir tué quiconque.

Et en effet : le second procès, mené en son absence, n’apporta pas la moindre preuve matérielle contre lui, ni un seul témoignage oculaire. Battisti fut condamné exclusivement sur la “parole” des membres du groupe accusés, qui avaient choisi le statut de “repentis”, c’est-à-dire qui gagnaient de considérables remises de peine en échange de leurs accusations. Ce fut essentiellement le chef du groupe, Pietro Mutti, qui chargea Cesare Battisti de ses propres crimes et de ceux de ses camarades. Il ne fit que huit années de prison.
Il est essentiel de rappeler, concernant le premier homicide des PAC, que Pietro Mutti fut accusé par deux enquêtes policières d’avoir tiré sur Santoro, concernant le 2e homicide, que Memeo, Fatone, Massala et Grimaldi composèrent seuls le commando contre Torregiani, concernant le 3e homicide, que Giacomin avoua avoir tiré sur Sabbadin, et concernant le 4e homicide, que l’arme qui tua Campagna appartenait à Memeo, et que l’agresseur mesurait vingt centimètres de plus que Battisti.
Tout au long de ce procès italien, on prit soin de représenter Battisti en fabriquant trois procurations, afin de rendre la sentence irréversible. Une expertise attesta en 2005 la falsification de ces procurations, visible à l’œil nu. Cet usage de faux démontre à lui seul le piège des repentis dans lequel tomba Battisti.

Face à cet ensemble de faits et à la démesure de l’acharnement politique du gouvernement italien contre cet homme, devenu un trophée-symbole pour l’Italie, le ministre de la justice brésilien, Tarso Genro, accorda le refuge politique à Battisti en janvier 2009, ce qui devait éteindre légalement le procès d’extradition en cours. Mais, pour des raisons de luttes politiques internes, le Tribunal Suprême Fédéral du Brésil décida de passer outre et de poursuivre, et une courte majorité de ses juges (5 à 4) choisit d’ignorer tous les faits convergeant vers l’innocence de Battisti, de nier la nature politique des crimes (ce qui empêche l’extradition au Brésil), de déclarer “illégal” l’acte de refuge du ministre de la Justice, et de l’extrader. Sentence exclusivement politique, sans aucun respect pour la vérité des faits.

Nos amis Brésiliens, mobilisés pour la défense d’une véritable Justice et non pas d’une justice politique, mobilisés pour la défense d’un homme qui n’eut jamais dans sa vie l’occasion de répondre à un juge, qui servit de bouc émissaire à ses anciens camarades puis d’enjeu politique en Italie, en France et au Brésil, ont à présent besoin de notre aide. Nous pouvons la leur apporter en signant la pétition brésilienne.

Le texte de la pétition est en portugais. Voici sa traduction.

TEXTE DE LA PÉTITION EN FRANCAIS :

Au Président du Brésil, Son Excellence Luiz Inácio Lula da Silva

Les soussignés viennent, très respectueusement, présenter à Votre Excellence toute la force et l’aide pour que votre gouvernement REJETTE les pressions intenses et arrogantes qui tentent d’imposer l’extradition de l’écrivain et du persécuté politique, Cesare Battisti.

Nous demandons à Votre Excellence, qui préside le gouvernement le plus populaire de l’histoire du Brésil, que, au moment voulu, Elle ACCORDE L’ASILE POLITIQUE SOUS RESPONSABILITÉ PRÉSIDENTIELLE à Battisti, en lui garantissant, ensuite, une formule migratrice permanente, pour qu’il puisse faire venir sa famille dans ce pays et travailler dans la paix.

Comme Votre Excellence le sait, Cesare Battisti a été condamné à la prison à perpétuité sans lumière solaire (une punition qui n’existe plus maintenant dans aucun pays civilisé !) pour quatre crimes POUR LESQUELS IL N’EXISTE PAS UNE SEULE PREUVE NI UN SEULTÉMOIN OCULAIRE, toute la procédure ayant été forgée à partir de DÉLATIONS PREMIÈRES [/note =équivalent brésilien de « témoignages des repentis »/]. Outre que les instigateurs italiens ont, ridiculement, attribué à Battisti deux homicides s’étant produits dans un intervalle de temps insuffisant pour couvrir la distance entre les deux villes, de sorte que l’accusation a dû être réécrite quand cette impossibilité matérielle fut démontrée, son principal délateur en arriva à être réprimandé par le magistrat d’une autre procédure en contumace dans laquelle il énonçait de fausses accusations.

Votre décision, M. le Président, sera aussi une attitude de PROTECTION de l’INSTITUTION du REFUGE/ASILE, sérieusement menacée par l’invasion du STF [/note : Tribunal Suprême Fédéral/] dans le secteur de l’Exécutif. Ce sera aussi une démonstration d’affection envers notre peuple, humilié, insulté et injurié de manière obscène par les autorités italiennes, avec l’aide des élites brésiliennes colonisées et servantes (spécialement les médias).
Battisti a écrit 17 livres, a fondé deux revues virtuelles, a organisé de nombreux congrès culturels et la 1ª Bisannuelle d’Arts Graphiques du Mexique. Il sera aussi utile pour notre culture que le fut, quand il s’est réfugié au Mexique, l’auteur Gabriel Garcia Márquez (signataire, d’ailleurs, d’un message d’aide à Battisti). Le salut de Battisti sera le couronnement de HUIT ans de lutte pour la conservation de la dignité, de l’indépendance et de la générosité de notre peuple.

Respectueusement,
les Soussignés